Le bradype ou Aï mesure 50 à 60 cm de long, plus 6 à 7 cm de queue, et pèse environ 4 kilos. Ces membres postérieurs et antérieurs ont chacun 3 doigts. Son abondante toison est composé d’une fine couche de boue, courte et épaisse, couverte de poils soyeux, long et hirsute, qui ressemble à du foin séché. La teinte générale est un gris plus argenté sur le ventre; les yeux sont cerclés de brun-noir, sont prolongés par une large rayure blanchâtre qui s’étend jusqu’aux tempes.
L’aï ne vit qu’au nord-est du Brésil, au sud du Venezuela et en Guyane. Ce curieux habite dans les grandes forêts humides où il mène, en compagnie de quelques semblables, une vie paresseuse et lente, monotone et silencieuse, suspendue aux branches par ses ongles. Immobile dans la journée, il s’éveille au crépuscule, et va et vient toute la nuit dans les arbres.
Il mange des bourgeons, les feuilles et les fruits du Cecropia et ne boit, pour se désaltérer, que la rosée qu’il recueille en abondance sur les feuilles. Il abandonne un arbre que lorsqu’il en a épuisé toutes les ressources et évite de descendre à terre, se servant des branches entrecroisées pour passer d’un arbre à un autre. Pour manger, il s’aide de ses grands ongles, avec lesquels il attire les branches et de son cou long très mobile qui lui permet d’atteindre les feuilles avec un minimum de déplacement.
A terre, le bradype, incapable de se tenir debout, se déplace avec une extrême maladresse. Dans l’eau, en revanche, il nage sans bruit, et ses gestes sont un peu moins lent. Il dort pendu à une branche par les 4 pattes, le dos en bas, roulé en boule, la tête sur la poitrine, mais ni appuyé ni soutenue. Il peut passer la journée entière dans cette position, sans la moindre fatigue.
Insensible à la faim et à la soif, il réagit à l’humidité et au froid. On entend rarement sa voix, sauf à l’aube et au crépuscule, ou quand il est inquiet: il émet un son plaintif et prolongé qui lui a valu le nom d’aï. La vue et l’ouïe du bradype sont très peu développés, et il dépend exclusivement de l’odorat et du toucher pour trouver sa nourriture et se déplacer. Les blessures les plus graves semblent le laisser insensible, et rien ne peut troubler son indolence.
Après une gestation de 120 à 180 jours, la femelle met bas à un seul petit au début de la saison sèche, couvert de poil et nanti d’ongles déjà long avec lesquels il s’agrippe au coup de sa mère. Les premiers temps, celle-ci semble aimer son petit et ne s’en sépare jamais puis ses sentiments s’estompent à tel point qu’il peut la quitter sans qu’elle manifeste la moindre réaction.
Cet animal inoffensif n’a pu subsister parce qu’il à peu d’ennemi. Sa vie arboricole le met à l’abri des plus dangereux, les carnivores. A terre, il se défend en se mettant sur le dos et en saisissant l’adversaire avec ses gros ongles; ses pattes sont si puissantes qu’un homme, même robuste à du mal à se dégager. L’aï s’adapte à la captivité pourvu, qu’on lui fournisse régulièrement des feuilles de Cecropia. Il apprend a reconnaître ses gardiens et se laisse caresser.
Une attitude très typique de cet animal consiste à tourner la tête de telle façon que l’occiput se trouve sur la poitrine et la face de la tête sur le dos. Aucun autre mammifère existant actuellement ne peut accomplir une rotation de ce genre.
Le bradype à crinière est très voisin de l’aï et habite les mêmes régions. Il s’en distingue par la crinière de long poils qui couve sa nuque et ses épaules.
Fiche Technique
Bradypus tridactylus
Nord-est du Brésil, sud du Venezuela et Guyane
30 à 50 ans
Aucun risque
Herbivore